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histoire

lieux. Et durant qu’il se tint à Gadres, les admiraulx envoierent en ambassade devers lui, et là firent paix et accord entr’eulx. Et par ce demorasmes moquez d’une part et d’autre. Car dés lors en avant nous n’eusmes ne paix ne treve, ne au Souldan ne aux admiraulx. Et saichez que nous n’estions nulle foiz en nostre ost de gensd’armes, que quatorze cens ou environ des gens deffensables. Si toust comme le souldan de Damas fut apaisé avecques les admiraulx d’Egipte, il fist tous amasser ses gens qu’il avoit à Gadres : et se partit, et vint passer prés de nostre ost avecques bien vingt mil Sarrazins, et dix mil Beduins, et passerent à prés de deux lieuës prés de nous. Mais oncques ne nous ouzerent assaillir. Et fusmes en aguect, le Roy et le maistre de son artillerie, bien trois jours, de paeur qu’ilz se ferissent en nostre ost secretement.

Le jour de la saint Jehan prouchaine d’aprés Pasques, durant que le Roy oyoit son sermon, il vint ung des gens du maistre de l’artillerie du Roy, lequel entra tout armé en la chappelle du Roy, et lui dist que les Sarrazins avoient encloux[1] le maistre des arbalestriers sur les champs. Lors je requis au Roy qu’il me donnast congié dy aller. Et il si fist, et me fist bailler jusques à cinq cens hommes d’armes qu’il nomma. Et si toust comme nous fusmes hors de l’ost, et que les Sarrazins qui tenoient en presse le maistre des arbalestriers nous virent, ilz se retirerent devers ung admiral qui estoit sur ung tertre devant nous, à tout bien mil hommes d’armes. Lors se commença la bataille entre les Sarrazins et la compagnie du maistre des arbalestriers. Et comme celui admiral veoit que

  1. Encloux : entouré, enfermé.