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TABLEAU

succès de la Reine rendirent inutile, n’annonçoit pas moins sa haute prudence.

Dès l’année suivante, [1228] ses soupçons se réalisèrent. Une confédération, plus nombreuse que la première, se forma : au milieu de la paix, des émissaires couroient de châteaux en châteaux, exagéroient les forces des seigneurs mécontens, promettoient que le roi d’Angleterre viendroit à leur secours, s’indignoient qu’une femme espagnole gouvernât la France, calomnioient son intimité nécessaire avec le cardinal de Saint-Ange, et se servoient de tous les moyens propres à soulever les esprits. On dit qu’une assemblée secrète des principaux confédérés eut lieu dans le voisinage de la Flandre, et qu’on y promit le trône à Enguerrand de Coucy, seigneur très-illustre, mais peu riche, dont on vouloit faire un fantôme de roi. On dit aussi que le comte de Boulogne, oncle du jeune Louis, qui n’aspiroit qu’à la régence, et qui ne vouloit pas détrôner son neveu, montra du mécontentement ; que cependant il donna des secours aux révoltés, espérant profiter des troubles qu’ils exciteroient. Cette circonstance, rapportée par quelques historiens modernes, n’est pas suffisamment prouvée par les anciens monumens.

Quoi qu’il en soit, la Régente étoit instruite de tous les desseins des confédérés. Elle avoit profité de son ascendant sur le comte de Champagne, pour obtenir de lui qu’il feignît de s’unir à eux, sans cesser de lui être dévoué. Elle apprit par lui que le comte de Bretagne devoit commencer la guerre, que les seigneurs appelés par le Roi ne lui ameneroient qu’un