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TABLEAU

amena des troupes ; elle surprit Mauclerc, et ce prince fut encore obligé de demander la paix.

La confédération paroissoit rompue ; et le comte de Toulouse, dont les succès contre Imbert de Beaujeu ne s’étoient pas soutenus, craignant d’être abandonné, et de ne pouvoir résister seul au Roi, voulut négocier, et prit pour médiateur le comte de Champagne. Les conférences eurent lieu à Meaux, ville appartenant à ce dernier.

Les plus grands intérêts alloient être débattus dans cette négociation, et la tranquillité future de la France dépendoit de son issue. Sous le règne de Philippe-Auguste, une secte dangereuse, née dans le pays des Albigeois, s’étoit étendue dans le comté de Toulouse et dans les contrées voisines. Un fanatisme sombre distinguoit les sectaires, et devint plus violent par les moyens qu’on employa pour le réprimer. Raymond VI, alors comte de Toulouse, parut partager quelques-unes des erreurs de ses sujets ; et cette adhésion, qui ne fut cependant jamais ni avouée, ni entière, contribua beaucoup à les répandre. On publia une croisade contre ces hérétiques, en accordant aux Croisés les mêmes privilèges que s’ils alloient combattre les infidèles. Simon de Montfort, qui s’étoit déjà distingué par de hauts faits d’armes, plein de bravoure, mais en même temps ambitieux et cruel, fut nommé chef de l’expédition, avec la promesse d’être mis en possession des pays dont il feroit la conquête. Alors des flots de sang furent répandus, et des cruautés inouïes furent exercées par les deux partis. Simon de Montfort et Raymond VI moururent