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de saint loys.

fust droicturier. Et disoit qu’il avoit leu la Bible, et les autres livres de l’Escripture sainte : mais que jamais il n’avoit trouvé, fust entre les princes et hommes chrestiens, ou entre les mescreans, que nulle terre ne seigneurie eust estée transferée ne muée par force d’un seigneur à autre, fors que par faulte de faire justice et droicture. Pour ce, fist le cordelier, se garde-je bien le Roy qu’il face bien administrer justice à chacun en son royaume de France, affin qu’il puisse jusques à ses derreniers jours vivre en bonne paix et tranquilité, et que Dieu ne lui tolle le royaume de France à son deshonneur et dommage. Le Roy par plusieurs foiz lui fist prier qu’il demourast avecques lui, tandis qu’il séjourneroit en Prouvence. Mais il respondoit tousjours qu’il ne demoureroit point en la compaignie du Roy. Celui cordelier ne fut que ung jour avecques nous, et le landemain s’en alla contremont. Et ay depuis oy dire qu’il gist à Masseille, là où il fait moult de beaux miracles.

Aprés ces chouses, le Roy se partit d’Yeres, et s’en vint en la cité d’Aix en Prouvence, pour l’onneur de la benoiste Magdalaine, qui gisoit à une petite journée prés. Et fusmes au lieu de la Basme, en une roche moult hault, là où l’on disoit que la sainte Magdalaine avoit vesqu en hermitage longue espace de temps. Puis de là veinsmes passer le Rosne à Beaucaire. Et quant je vy que le Roy estoit en sa terre et en son povoir, je prins congié de lui, et m’en vins par la daulphine de Viennois[1], ma niepce : et de là passé par devers le conte de Chalons mon oncle, et par devers le conte

  1. La daulphine de Viennois : Béatrix de Savoie, femme du Dauphin Guigues y.
2.
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