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TABLEAU

Toulouse pour réprimer les hérétiques ; et ce tribunal étoit tenu par les Dominicains. Soit que ces religieux eussent abusé de leur pouvoir, soit qu’on n’eût pu s’habituer à leur obéir, les magistrats civils s’élevèrent contre eux. Le comte de Toulouse, persuadé que les Dominicains étoient ses ennemis particuliers se déclara pour les magistrats. La révolte éclata, les Dominicains furent chassés, et quelques-uns périrent dans le tumulte. Grand courroux de la cour de Rome, soulèvement des Catholiques, commencement de guerre civile. Le Roi parvint à tout pacifier. Il obtint du Pape que le tribunal ecclésiastique seroit suspendu, et il amena les deux partis à recourir à son sénéchal qui siégeoit à Carcassonne. Ce juge royal maintint l’exécution du traité, réconcilia les ennemis les plus acharnés, et étouffa une querelle qui auroit pu embraser la France.

C’est à cette époque [1237] qu’on place l’anecdote du Vieux de la Montagne, prince mahométan, dont l’existence paroît très-romanesque, mais à laquelle de nouvelles recherches permettent d’ajouter foi. On dit que ce prince élevoit dans les voluptés et dans les délices de l’Asie un certain nombre de jeunes gens, auxquels on persuadoit qu’ils devoient à leur chef une obéissance aveugle, et que, s’ils périssoiont dans des entreprises périlleuses, ils renaîtroient pour être encore plus heureux. Ces jeunes gens, qui portoient le nom d’assassins, étoient envoyés par leur prince près des rois qu’il soupçonnoit d’être ses ennemis, et les égorgeoient. Le bruit que Louis entreprendroit bientôt une croisade détermina le Vieux de la Montagne à se défaire de ce prince. Il fit partir, suivant la tradition,