Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 3.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
22
EXTRAITS

plaines de Damiette et vint camper à Fariskour[1] ; des bateaux chargés de munitions de guerre et de provisions de bouche remontoient le Nil et entretenoient l’abondance dans leur armée.

L’émir Fakreddin envoya une lettre au Caire pour instruire les habitans de l’approche des Français, et les exhorter à sacrifier leurs biens et leur vie pour la défense de la patrie. Cette lettre fut lue dans la chaire[2] de la grande mosquée, et le peuple n’y répondit que par des sanglots et des gémissemens ; tout étoit dans le trouble et la confusion : la mort du Sultan, dont l’on se doutoit, augmentoit encore la consternation ; les plus lâches songeoient à quitter une ville qu’ils croyoient hors d’état de résister aux Français ; les plus courageux, au contraire, marchoient du côté de Mansoura pour joindre l’armée Musulmane.

Le mardi, 1er jour de la lune de Ramadan [mardi 7 décembre 1249], il y eut quelques légères escarmouches entre différens corps de troupes des deux armées. Cela n’empêcha pas l’armée française de camper à Charmesah[3] ; le lundi d’ensuite septième de la même lune [13 décembre 1249], elle vint à Bermoun[4].

Le dimanche, 13e jour de la même lune [19 décembre], l’armée chrétienne parut devant la ville de

  1. Fariskour, ville située sur la rive orientale du Nil, à treize milles de Damiette.
  2. La Chaire : c’étoit la coutume depuis Mahomet, d’assembler le peuple dans les mosquées pour lui annoncer quelque événement intéressant ; ses successeurs l’avoient toujours pratiquée.
  3. Charmesah, ville située sur la rive orientale du Nil, à quarante-trois milles de Damiette.
  4. Bermoun, petite ville entre Damiette et la Mansoura, éloignée de douze milles de Mansoura,