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DES MANUSCRITS ARABES.

places de la Syrie. Cette proposition fut rejetée et les conférences furent rompues.

Le vendredi 27 de la lune de Zilhigé [vendredi 1er avril 1250], les Français brûlèrent toutes les machines de guerre et les bois de charpente qu’ils avoient, et mirent presque tous les bateaux qui leur restoient hors d’état de naviguer.

L’année 648 de l’hégire, dans la nuit du mardi[1] 3e jour de la lune de Muharrem [mardi 5 avril après Quasimodo 1250], toute l’armée Française décampa et prit la route de Damiette ; quelques bateaux qu’ils avoient conservés, descendirent en même temps le Nil. Le mercredi à la pointe du jour, les Musulmans s’étant aperçus de la retraite des Français, les poursuivirent et les attaquèrent : le fort du combat fut à Fariskour. les Français furent défaits et mis en fuite ; dix mille des leurs restèrent sur le champ de bataille, d’autres disent trente mille : plus de cent mille cavaliers fantassins ou gens de métier furent faits esclaves ; le butin fut immense en chevaux, mulets, tentes et autres richesses ; il n’y eut que cent hommes de tués du côté des Musulmans : les esclaves baharites, sous la conduite de Bibars-Elbondukdari, donnèrent dans cette action des preuves de leur valeur. Le Roi de France, suivi de quelques seigneurs, s’étoit retiré sur une petite colline ; il se rendit sous promesse de la vie, à l’eunuque Djemaleddin-Muhsun-Elsalihi ; il fut chargé d’une chaîne de fer, conduit dans cet état à Mansoura, et renfermé dans la maison d’Ibrahim-ben-Lokman, secrétaire du Sultan, sous la garde de

  1. La nuit du mardi. Joinville date cet événement un mardi au soir après l’octave de Pâques.