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SUR L’HISTOIRE DE S. LOUYS.

pourpre, sont sortis de leurs sacrez palais, et se sont venus seoir à leurs portes, pour faire justice indifferemment à tous ceux qui la leur venoient demander. Ce qu’ils faisoient à l’imitation des Hébreux, qui tenoient leurs plaits aux portes des villes, des hôtels et des temples, tant pour faciliter l’accés des parties, que pour rendre la justice publiquement, et l’exposer à la censure de tous ceux qui y assistoient[1].

C’est la raison pourquoy nous lisons si souvent dans nos histoires, et dans les chartes anciennes, que les juges des provinces tenoient leurs assises et leurs plaits dans les champs, dans les rües, dans les lieux publics, devant les portes et dans les cimetières des églises ; ce qui fut depuis défendu par nos rois dans leurs capitulaires[2], à l’égard des lieux sacrez ; et enfin devant les portes des châteaux et des villes, comme on recueille de cet acte qui se lit au cartulaire de l’abbaye de Vendôme[3] : Perrexit illuc Prior noster, ivitque placitum in castre Rajnaldi ante portam ipsius castri quæ est à meridie, ubi interrogatus ille quare saisisset plaixitium nostrum, respondit, etc. C’est ce que S. Louys et nos rois pratiquoient ordinairement, lorsqu’ils vouloient écouter les plaintes de leurs sujets, et leur rendre justice : car ils descendoient de leurs trônes et de leurs appartemens, pour venir à la porte de leurs palais : ou bien alloient dans des lieux publics, où l’accès estoit libre à un chacun, et là assistez de quelques uns de leurs plus fidèles conseillers, recevoient les requêtes, écoutoient les plaintes, et faisoient expe-

  1. Zach. 5. Amos. 5 Deuter. 22. Ruth. 4. Job. 29. Isai. 24. Psal. 126.
  2. Capit. Car. c. tit. 39.
  3. Tabul. Vindoc. Thuanich. 52