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DISSERTATIONS

dier promptement les parties ; en sorte qu’elles se retiroient satisfaites de la bonne justice qu’elles y avoient reçue. Cette grande facilité, que le roi S. Louys apportoit pour estre approché de ses sujets, est fort bien exprimée par le sire de Joinville, en ces termes : « Maintefois ay veu que le bon Saint, après qu’il avoit oüy messe en esté, il se alloit esbattre au bois de Vicennes et se seoit au pié d’un chesne, et nous faisoit seoir tous emprés lui : et tous ceux qui avoient affaire à lui, venoient à lui parler, sans ce que aucun huissier, ne autre leur donnast empeschement : et demandoit hautement de sa bouche, s’il y avoit nul qui eust partie. » Et peu auparavant, cet illustre auteur nous apprend que cette justice, véritablement royale, puisqu’elle estoit exercée par la personne même du Roy, estoit reconnue pour lors sous le nom de Plaits de la porte, parce qu’elle se rendoit à la porte du palais, où il estoit libre à un chacun de venir plaider sa cause, de déduire ses interests, et d’adresser ses plaintes.

Mais depuis que nos roys eurent établi leurs parlemens pour distribuer la justice à leurs sujets, ils les divisèrent en diverses chambres et compagnies suivant la différence et la nature des affaires. Celles qui se pouvoient terminer par plaidoyers, estoient jugées de la chambre des plaits, qui est la grande chambre, les autres en celles des Enquêtes. Les jugemens qui estoient émanez de ces cours souveraines, estoient différents ; car les uns estoient appeliez arrests, arresta, qui estoient ceux qui estoient rendus publiquement par les juges sur les plaidoyers des advocats, dont la formule estoit, quibus rationibus utriusque