Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/76

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vie de son beau pere Agricola, escrive que les peuples d’Angleterre de son temps estoient commandez par une reyne, et qu’ils recevoient à la succession de la couronne les filles aussi bien que les masles, si est-ce que, depuis ce temps-là jusques à Marie, il ne s’en trouve pas une seule. Car mesme Estienne, comte de Boulogne, gendre seulement de Henry I, roy d’Angleterre[1], fut preposé à Mahaut, appellée imperatrice, fille dudict Henry, femme de Godefroy Plantagenet, comte d’Anjou, qui succeda à la couronne, et duquel sont tous issus les princes, roys et reynes d’Angleterre, qui ont esté depuis quatre cens ans jusques à present.

Donc Marie se voyant asseurée de la couronne et estat d’Angleterre, et qu’elle avoit passé l’âge de quarante-sept ans[2], pour s’asseurer encore davantage, voulut espouser le comte de Worcester, nommé Henry de Courtenay, qu’elle avoit fait premier gentilhomme de sa chambre : lequel estoit issu des princes du sang de France du costé paternel (dit le sieur Tillet), et du costé maternel des roys d’Angleterre de la maison d’York, joint aussi qu’il estoit l’un des plus beaux entre lesjeunes seigneurs de son aage. Mais luy n’avoit pas son affection à la reyne Marie, mais bien à Elisabeth sa jeune sœur, qui luy portoit beaucoup d’affection, comme l’on disoit. Ce que la reyne Marie ayant decouvert, et que plusieurs du royaume d’Angleterre, impatiens, et qui tenoient pour chose nouvelle d’estre commandez par une femme, jettoient les yeux sur milord de Courtenay, et eussent bien desiré l’avoir pour

  1. Gendre seulement de Henry I, roy d’Angleterre. Etienne étoit neveu, et non pas gendre de Henri I.
  2. Quarante-sept ans : lisez trente-sept ans.