Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
100
précis des guerres


la bataille. Son génie, toujours fertile en expédiens, ne l’abandonna point.

Jeanne de Valois, sa belle-mère, sœur de Philippe et veuve du comte de Hainaut, étoit retirée dans l’abbaye de Fontenelle, où elle se livroit aux exercices de la plus austère pénitence. Des agens habiles persuadèrent aisément à cette vertueuse princesse qu’elle ne pouvoit faire une œuvre plus agréable à Dieu que d’arrêter l’effusion du sang et de ménager un accommodement entre deux princes qui lui tenoient de si près, Jeanne sortit de sa retraite et proposa sa médiation, qui fut acceptée. Plusieurs conférences eurent lieu ; les deux monarques désiroient également la suspension des hostilités ; on tomboit d’accord sur presque tous les points, mais il y avoit une difficulté qui paroissoit insurmontable. Édouard prétendoit conserver le vain titre de roi de France, et Philippe exigeoit qu’il y renonçât : on convint que les plénipotentiaires seroient inscrits indistinctement à la suite de l’acte, avec la qualité de députés des rois de France et d’Angleterre. Édouard éludoit ainsi une renonciation formelle, mais Philippe faisoit reconnoître ses droits par son rival. La trêve comprenoit tous les alliés et même le roi d’Écosse, qui toutefois demeuroit libre de l’accepter ou de la refuser ; elle devoit durer jusqu’à la Saint-Jean de l’année suivante 1341. Le Pape essaya de la convertir en une paix définitive, mais l’opiniâtreté d’Édouard ne le permit pas ; elle fut seulement prolongée pour deux ans.

Les historiens ont encore examiné si cette trêve étoit avantageuse ou nuisible à la France. Édouard n’y souscrivit à la vérité que pour se tirer d’une situa-