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précis des guerres


quer furtivement pour se soustraire aux persécutions de ses créanciers, n’ayant obtenu dans cette seconde expédition, que le stérile honneur du combat naval de l’Ecluse, et sans avoir pu arriver jusqu’à la frontière du royaume qu’il s’étoit vanté de conquérir. De retour dans ses États, il eut à lutter contre les prétentions du clergé, et les grands abusèrent du besoin qu’il avoit de nouveaux subsides pour restreindre encore les prérogatives royales. La nécessité le réduisit à ratifier, en plein parlement, l’acte qui le dépouilloit, mais il protesta secrètement, et aussitôt qu’il eut obtenu les subsides, il cassa cet acte de sa propre autorité. Il déploya tant d’habileté dans cette circonstance, qu’il sut arrêter les murmures, et qu’il parvint même, quelque temps plus tard, à faire révoquer le bill par le parlement. Mais après avoir réussi à rétablir son autorité en Angleterre, il étoit loin de pouvoir renouveler ses entreprises contre la France ; et peut-être eût-il été obligé d’y renoncer entièrement, si une circonstance imprévue n’eût favorisé l’exécution de ses projets ambitieux.

La Bretagne, gouvernée par Jean III, surnommé le Bon, avoit, pendant les dernières guerres, embrassé avec chaleur les intérêts de Philippe. Le duc n’ayant point d’enfans, avoit marié Jeanne-la-Boiteuse, sa nièce, qu’il considéroit comme son héritière, à Charles de Blois, neveu du roi de France, et les grands de la province avoient approuvé ce choix ; mais le comte de Montfort prétendoit que le duché devoit lui appartenir après la mort de Jean. Voici sur quoi il fondoit ses prétentions : Artus II, duc de Bretagne, avoit laissé trois fils de sa première femme et un de la seconde ;