Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
103
entre la france et l’angleterre.


Jean III, qui étoit l’aîné, succéda à son père et mourut sans enfans, ainsi qu’on vient de le dire. Guy, second fils d’Artus, mort avant le duc Jean III, n’avoit eu qu’une fille, c’étoit Jeanne-la-Boiteuse ; Pierre, le troisième n’avoit point eu d’enfans ; le quatrième étoit Jean, comte de Montfort, qui revendiquoit le duché. Il ne s’agissoit que de décider si les femmes étoient ou non exclues de la succession, et la question étoit jugée par la coutume de la province : une femme avoit apporté le duché dans la maison régnante. Charles de Blois, dont les droits étoient incontestables, qui avoit été reconnu par les barons et qui étoit soutenu par son oncle, le roi de France, sembloit devoir aisément l’emporter sur son compétiteur ; mais pendant que Charles de Blois sollicitoit à Paris l’investiture du duché, Montfort s’empare des trésors de Jean III, se fait des partisans dans la province, se rend maître de Nantes, de Rennes, de Brest et des autres places fortes ; puis, trop certain que Philippe s’opposera à son usurpation, il passe en Angleterre, réclame l’appui d’Édouard et offre de lui faire hommage du duché de Bretagne, en le reconnoissant roi de France. Une pareille offre ne pouvoit être refusée ; ce nouvel allié étoit bien plus utile aux projets d’Édouard que les princes allemands, dont l’alliance, si chèrement achetée, ne lui avoit été d’aucun secours. Le traité fut bientôt conclu, et Édouard, qui ne pouvoit prétendre au trône de France qu’en rejetant la loi salique, n’hésita pas à appliquer cette loi à un des fiefs du royaume où elle étoit repoussée par l’usage. Il fut convenu que le traité resteroit secret jusqu’à ce qu’on fût en mesure pour se déclarer. Cependant Montfort fut mandé à la cour des