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précis des guerres


pairs de France, qui devoit prononcer sur ses droits et sur ceux de Charles de Blois. Il y vint, accompagné de quatre cents seigneurs bretons, espérant que Philippe n’auroit pas connoissance de la démarche qu’il avoit faite auprès d’Édouard ; mais à peine arrivé, le Roi lui reprocha cette alliance avec sévérité et lui défendit de quitter Paris jusqu’à ce que la cour des pairs eût prononcé. Montfort vit trop tard qu’il s’étoit livré lui-même entre les mains de ses ennemis. Cependant il montra de l’assurance, puis supposant une maladie qui l’empêchoit de paroître en public pendant quelques jours, il partit si secrètement qu’il étoit déjà arrivé à Nantes avant qu’on se fût aperçu de son évasion. La cour des pairs adjugea le duché à Charles de Blois, et le duc de Normandie, fils aîné du Roi, qui régna depuis sous le nom de Jean II, entra immédiatement en Bretagne à la tête d’une armée. Il pénétra sans difficulté dans le pays et vint mettre le siége devant la ville de Nantes, où Montfort s’étoit enfermé. Le siége fut poussé avec vigueur ; ses habitans ouvrirent les portes pour se soustraire au pillage, et le comte tomba entre les mains du duc de Normandie, qui l’envoya prisonnier à Paris.

Le parti, privé de son chef, sembloit abattu ; la comtesse de Montfort, qui jusqu’alors avoit vécu concentrée dans les occupations domestiques, déploya tout-à-coup une habileté et un courage qui l’ont fait considérer avec raison comme la femme la plus extraordinaire de son siècle. À peine informée du malheur de son mari, elle parcourt les villes, tenant son fils entre ses bras, relève le courage des partisans de sa maison, fait passer dans tous les cœurs l’ardeur qui l’anime, pourvoit à la subsis-