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précis des guerres


Le Roi fut obligé de souscrire à ces conditions, quelque dures qu’elles lui parussent, et il leur donna force de loi par une ordonnance du 28 décembre.

Si les États avoient su pourvoir à la défense du royaume, et s’étoient bornés à provoquer des réformes utiles dans l’administration, ils ne mériteroient que de justes éloges. Mais les nouveaux impôts établis par eux, malgré les observations du Roi, étoient insuffisans, et d’une perception si difficile, qu’on fut obligé de recourir à d’autres moyens. Les factieux qui dominoient dans l’assemblée n’avoient pas l’intention de s’en tenir à la réforme des abus ; ils vouloient prendre une part active au gouvernement, usurper la puissance royale, mettre le monarque en tutèle, et profiter des circonstances pour assouvir leur avidité et leur ambition. N’ayant pu obtenir qu’une foible partie de ce qu’ils désiroient, ils avoient fait ajourner les États à l’année suivante, sous prétexte de voter, s’il y avoit lieu, la continuation des subsides. Le Roi, trompé dans son attente, voyoit ainsi la monarchie menacée de nouveaux malheurs par ceux-là même qu’il avoit appelés pour la défendre. Les intrigues du roi de Navarre augmentoient encore son embarras. Il n’ignoroit pas que ce prince, qui soutenoit les factieux des communes, cherchoit en même temps à soulever les deux autres ordres, en leur représentant que par les derniers impôts auxquels ils étoient assujettis, on violoit leurs privilèges, et qu’on les assimiloit aux vilains. Jean se repentit alors de la clémence qu’il avoit déployée l’année précédente, et, résolu de se venger, il se livra à toute la violence de son caractère. Le Dauphin, d’après ses ordres, n’avoit point