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entre la france et l’angleterre.


rompu avec Charles-le-Mauvais ; il le charge d’attirer ce prince à Rouen, s’y rend lui-même à l’improviste, accompagné de cent hommes d’armes, l’arrête de sa propre main, fait décapiter quatre seigneurs de sa suite, et l’envoie prisonnier au château du Louvre. Cette action, sans être excusable, pouvoit au moins, si elle eût été habilement soutenue, frapper de terreur les factieux ; Jean auroit dû avoir des troupes prêtes pour s’emparer sur-le-champ de toutes les places du roi de Navarre, et pour prévenir les soulèvemens. Rien n’étoit disposé ; il n’avoit pas même de soldats en Normandie. Philippe de Navarre, frère de Charles-le-Mauvais, profite de cette faute, réunit tous les partisans de sa maison, fait un appel à la noblesse, met de bonnes garnisons dans les places, et traite ouvertement avec le roi d’Angleterre, qui se trouve enfin avoir un parti déclaré en France.

Édouard ne perd pas un instant pour envoyer des secours à son nouvel allié. Le duc de Lancastre débarque en Normandie ; ses troupes, réunies à celles du prince navarrois, s’emparent de plusieurs villes qu’elles livrent au pillage, et commettent d’horribles dégâts dans les campagnes. Jean II s’avance pour les combattre ; mais il ne peut les forcer à la bataille, et ses exploits se bornent à la prise du château de Tilliers. La saison étoit avancée ; déjà il avoit licencié ses troupes, lorsqu’il apprend que le prince de Galles dévaste les provinces méridionales, et qu’après avoir traversé l’Auvergne et le Limousin, il va pénétrer dans le Berry. À cette nouvelle, le Roi convoque toute la noblesse du royaume, et jure de combattre l’ennemi partout où il le rencontrera : serment fu-