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précis des guerres


neste, qu’il n’accomplit que trop fidèlement. Pendant que l’armée française se rassemble, le prince de Galles force de marche pour aller se réunir au duc de Lancastre. Arrêté par la Loire, dont tous les passages étoient garnis de soldats, il revient sur ses pas, dans l’espoir de pouvoir rentrer en Guyenne avant d’être attaqué ; mais le Roi arriva près de Poitiers avant lui, et il se trouva entièrement coupé, ne pouvant ni avancer ni reculer sans combattre. Il avoit à peine douze mille hommes ; l’armée française s’élevoit à plus de soixante mille. Si le roi Jean eût voulu profiter de ses avantages, il pouvoit le réduire à mettre bas les armes sans tirer l’épée ; il suffisoit de garder les passages pour affamer l’ennemi, qui déjà manquoit de vivres : mais les Français brûloient d’en venir aux mains, et aussitôt qu’ils furent en présence, ils se disposèrent au combat. Au moment où l’action alloit s’engager, le cardinal de Périgord se présenta comme médiateur. Le prince de Galles qui ne se dissimuloit pas le danger de sa position, offrit d’abandonner toutes ses conquêtes, de rendre tous les prisonniers, et de ne pas servir pendant sept ans contre la France. Mais Jean exigeoit, en outre, que le prince se rendît lui-même prisonnier avec cent des principaux de son armée, espérant qu’Édouard seroit forcé de lui céder Calais pour délivrer son fils. Tout le jour se passa en négociations inutiles, et le prince de Galles ayant déclaré que jamais l’Angleterre n’auroit à payer sa rançon, on se prépara à la bataille pour le lendemain [19 septembre 1356]. Ce délai fut on ne peut plus funeste aux Français ; il donna le temps au prince de rendre presque inexpugnable le poste qu’il occupait,