et de profiter, pour se défendre, de tous les avantages
d’un terrain coupé de bois et de broussailles. Les Français, pour commencer l’attaque, étoient obligés de
traverser un défilé étroit, bordé des deux côtés de
fortes haies, derrière lesquelles le prince de Galles
avoit placé ses meilleurs archers. À peine les hommes
d’armes sont-ils engagés dans le défilé, qu’on fait
pleuvoir sur eux une grêle de traits ; ils ne sont plus
les maîtres de leurs chevaux blessés, qui vont porter
le désordre dans les rangs du premier corps, que commandoit le Dauphin. Une terreur panique s’empare
des seigneurs qui accompagnent le jeune prince ; ils
l’entraînent, et vingt mille hommes prennent la fuite
sans avoir combattu. Le duc d’Orléans, frère du Roi,
auquel on avoit confié un second corps, également de
vingt mille hommes, saisi de la même terreur, quitte
aussi le champ de bataille, et ses troupes fuient avec
lui. L’ennemi s’est à peine ébranlé, et déjà les deux
tiers de l’armée française sont en pleine déroute. Si le
troisième corps, que le Roi commandoit en personne,
avoit suivi l’exemple que lui donnoit le monarque, la
victoire seroit néanmoins restée aux Français : mais la
plupart des siens l’abandonnent lâchement. En vain
fait-il des prodiges de valeur ; resté presque seul, accablé sous le nombre, il est obligé de se rendre prisonnier avec le jeune Philippe, son fils, qui, n’ayant
pas encore atteint sa quinzième année, combattit à
côté de son père jusqu’au dernier moment, et mérita
le surnom de Hardi par sa précoce intrépidité.
Le prince de Galles sut rehausser l’éclat de son triomphe par la manière dont il traita ses prisonniers. Il eut pour Jean et pour Philippe tous les égards