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SUR DU GUESCLIN.

jalousie ne luy permettoit pas d’entendre parler de Bertrand qu’avec peine, et bien loin de s’adoucir sur Olivier dans la crainte de s’attirer son frère, il s’acharna davantage à le maltraiter, et dit mille indignitez de Bertrand, le mettant au rang des brigands, des scelerats et des incendiaires, et que c’étoit pour le braver qu’il le vouloit faire son prisonnier ; qu’il eût donc à le suivre sans se le faire dire deux fois, et que s’il n’obeïssoit sur l’heure, il luy donneroit de son épée tout au travers du corps.

Olivier de Guesclin voyant que Thomas parloitfort indignement de son frère, ne put pas se défendre de prendre son party, luy disant qu’il avoit grand tort de se déchaîner ainsi contre la reputation de Bertrand, qui n’ayant eu qu’un petit patrimoine et beaucoup de naissance, tâchoit à se pousser dans la guerre par sa valeur et par son courage. Le chevalier anglois, que ce discours aigrissoit encore davantage, mit l’épée à la main, le menaçant de le faire taire et luy commandant de le suivre. Olivier fut contraint d’obeïr, parce qu’il étoit seul et désarmé, contre un autre à qui rien ne manquoit, et qui d’ailleurs étoit, luy quatriême, contre Olivier, qui ne put pas pourtant s’empêcher de luy dire qu’il n’étoit pas de bonne prise, et qu’il ne croyoit pas qu’il en eut jamais aucune rançon. Thomas luy coupa la parole en luy défendant de plus raisonner, et le faisant marcher devant luy, l’assura qu’il ne sortiroit jamais de ses mains qu’il ne luy eût payé mille bons florins, et que la bourse de son frère n’étoit que trop suffisante pour le racheter, et le conduisit ainsi jusques dans sa tente et luy donna des gardes.

Il y eut là par hasard un chevalier breton, qui, s’ap-