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SUR DU GUESCLIN.

en le renversant de l’échelle, jetta sur elle une orande caque de pierres qui la mit en pièces, et fit tomber Bertrand tout armé, la tête en bas et les pieds en haut dans les fossez, qui étoient pleins d’eau et l’alloient noyer infailliblement, si le Dauphin, qui le vouloit sauver, n’eût crié qu’on le secourût incessamment, et qu’on le tirât au plûtôt de là. L’un des gardes de ce prince courut à luy, le prit par les pieds, et fit tant d’efforts qu’il l’arracha du fonds de l’eau, qui l’alloit suffoquer sans ce prompt secours.

Bertrand, après avoir bien bû, secoüa la tête et paroissoit plus mort que vif. On le porta dans un fumier chaud qui luy fit revenir les esprits en le rechaufant, et quand il eut repris connoissance, il dit à ceux qui l’environnoient quels diables l’avoient là apporté, et se l’assaut étoit jà failly. On luy répondit qu’il avoit assez bien employé sa journée, qu’il devoit se contenter de ce qu’il avoit fait. La disgrace qu’il venoit d’essuyer, au lieu de refroidir son courage, sembla luy donner un nouveau feu pour aller à l’assaut ; mais voyant qu’il étoit trop tard, et que tout étoit fait, il se transporta tout en colère jusqu’auprès des barrieres des ennemis, le sabre à la main, dont il fit une si grande exécution, qu’il en abbattit plusieurs à ses pieds, et donna tant de terreur aux autres, quilles fit rentrer en désordre, et lever le pont dessus eux pour se garantir de la fureur d’un si redoutable ennemy. L’attaque des François avoit été si vigoureuse et si meurtrière, que la reine Blanche et le baron de Ma-

    boursouflé. » Ainsi se mocquoient de Bertran ceulx qui mal le cognoissoient. Et le bascon deschargea sur lui et sur son eschielle un grant quaque tout plain de cailloux, etc. (Ménard, p. 79.)