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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/245

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ANCIENS MÉMOIRES

reüil sçachans que le Dauphin la devoit faire plus vivement recommencer le lendemain, que Bertrand se devoit mettre à la tête de ceux qu’on avoit destinez pour cette seconde expédition, qu’on étoit enfin résolu de faire main basse sur tout ce qui se trouveroit dans la place, ils demandèrent à capituler avec le Dauphin, qui voulut bien épargner le sang des assiégez, et recevoir à composition la ville et le château de Melun, qui luy furent rendus et remis dans ses mains.

Ce prince, après y avoir étably garnison, s’en revint triomphant à Paris, dont les bourgeois le reçûrent avec des acclamations extraordinaires, et le félicitèrent sur la grande action qu’il venoit de faire, et sur la liberté qu’il leur avoit renduë, parce qu’ils n’osoient pas auparavant sortir de leurs portes en sûreté, tant ils apprehendoient de tomber dans les partis des Anglois et des Navarrois, qui faisoient des courses jusques sous leurs murailles. La bravoure et l’avanture de Bertrand devant Melun, firent tant de bruit dans cette grande ville, que chacun s’étudioit de regarder ce brave Breton, qui s’étoit fait déjà un si grand nom dans la guerre. On couroit en foule pour le voir. Le Dauphin ne se contenta pas de luy donner des louanges pour recompenser sa valeur, il la voulut reconnoître par de plus solides effets, en luy donnant le gouvernement de Pontorson, place pour lors tout à fait importante. Guesclin ne resta pas longtemps à Paris, et comme les mains lui démangeoient, il en sortit bientôt pour aller attaquer trois forts situez sur la Seine, qui boûchoient les approches et les avenuës de la capitale de tout le royaume.