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ANCIENS MÉMOIRES

et les en dénicher pour les faire tous pendre ; qu’il ne luy donnoit enfin que trois jours pour luy remettre la place entre les mains, et que si dans ce temps il n’obeïssoit, il ny auroit plus aucun quartier pour luy ny pour les siens.

Le gouverneur voyant la resolution de Bertrand, qui luy paroissoit homme à luy tenir parole, le pria de trouver bon qu’il assemblât sa garnison pour deliberer là dessus. Le gouverneur fit entendre à ses gens que c’étoit en vain qu’ils entreprendroient de faire une plus longue résistance, et que s’ils s’opiniâtroient à ne se pas rendre, ils couroient tous risque de perdre non seulement leurs biens, mais leurs vies ; que s’ils vouloient conserver l’un et l’autre, il falloit incessamment ouvrir les portes à Bertrand, de peur qu’un plus long retardement ne rendît leur capitulation plus rigoureuse et plus difficile. La crainte de perdre leurs biens, qu’ils avoient enfermez dans ce château, les fit consentir à le rendre. Ils stipulerent donc, que non seulement ils en sortiroient la vie sauve, mais aussi qu’il leur seroit permis d’emporter avec eux tout l’or, l’argent et les meubles qui leur appartenoient. Guesclin donna les mains à ces deux conditions, et dés le lendemain les assiegez ouvrirent leurs portes et baisserent le pont pour y laisser entrer Bertrand avec tout son monde, et qui fut religieux à garder la parole qu’il leur avoit donnée, ne souffrant pas qu’on fit aucune hostilité contre eux, et les renvoyant en toute liberté les uns à Saint Sauveur et les autres à Cherbourg, chargez de leur bagage, auquel aucun soldat n’osa pas toucher de crainte de s’attirer l’indignation de Bertrand.