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ANCIENS MÉMOIRES

cilitant aux François l’entrée de la tour les en rendit bientôt les maîtres. Bertrand fit abbattre les têtes de tous les Anglois qui, contre la bonne foy de la derniere capitulation, s’étoient remis en possession de la tour pour la defendre une seconde fois. Tandis qu’on s’assûroit de cette place, Olivier de Mauny fut détaché pour aller attaquer Carentan, ce qu’il fit avec tant de vigueur et tant de succès, que les assiegez luy rendirent aussitôt la place, de crainte de s’y voir forcez et d’y risquer leurs biens et leurs vies, sçachans les merveilleux progrés que les François venoient de faire sous la conduite de Bertrand, dont le nom seul étoit devenu la terreur des Anglois et des Navarrois, qui n’osoient pas tenir devant luy.

Bertrand se voyant maître de Valognes et de Carentan, n’avoit plus qu’une forteresse à prendre dans la Normandie pour la rendre calme et soûmise à la France. Il appella le gouverneur de la derniere place qu’il venoit d’enlever, et luy demanda fort sincèrement qu’elles mesures il luy falloit prendre pour s’assurer d’un château dans lequel il y avoit une église très forte. Ce capitaine, pour luy faire sa cour, luy répondit qu’il n’avoit qu’à se présenter devant et crier Guesclin ! que la crainte de son nom feroit aussitôt mettre bas les armes aux assiegez, et luy ouvrir leurs portes. Bertrand luy dit qu’il croyoit qu’il ne devoit point se flatter là dessus, et que la place meritoit bien d’être assiegée dans les formes, car les murailles en étoient fort épaisses, et d’ailleurs elle étoit entourée de fossez fort larges et fort profonds. Hugues de Caurelay, chevalier anglois, qui s’étoit fait un nom dans la guerre pur ses belles actions, commandoit