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SUR DU GUESCLIN.

couché par terre grand nombre d’Espagnols et de juifs qui faisoient mine de résister. Les dépoüilles furent grandes ; car les juifs qui se rendirent à discrétion, pour sauver leurs vies, sacrifierent toutes leurs richesses pour se racheter et payer leur rançon. Jamais armée ne fit un plus agréable butin. Bertrand le leur avoit promis ; aussi falloit-il bien contenter l’avidité de tant de Bretons, François, Normans, Liégeois, Valons, Flamands, Brabançons et Gascons, dont ses troupes étoient composées, et qui ne s’étoient engagées dans cette expédition que pour s’enrichir de la ruine de l’Espagne. Le maréchal d’Andregbem, Hugues de Caurelay, Gautier Hüet et son frère, Guillaume Boitel, le sire de Beaujeu seconderent Bertrand avec une bravoure admirable, se mettans chacun d’eux à la tête des gens qu’ils commandoient, et les menoient à l’assaut en leur donnans les premiers l’exemple de bien faire.

La prise de Maguelon jetta la terreur par toute l’Espagne, et rendit le nom de Bertrand si redoutable, qu’on ne le prononçoit qu’en tremblant. Après qu’il eut laissé garnison dans la ville, il poursuivit sa route plus avant, et comme l’experience qu’il avoit dans la guerre ne luy permettoit pas de laisser derrière aucune place qui pouroit incommoder sa marche, il fit alte à deux lieües de là devant Borgnes, ville importante et forte, dont il crut se devoir assurer avant que d’entrer plus avant dans le païs. Henry, dont on épousoit la querelle, voulut faire auprés du gouverneur de cette ville, la même tentative qu’il avoit déjà faite auprés de celuy de Maguelon, le sommant de luy rendre la place ; mais il ny fit que blanchir. Ce