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ANCIENS MÉMOIRES

capitaine luy témoigna que le Roy son frère ne luy pardonneroit jamais la trahison qu’il luy feroit, s’il étoit assez lâche pour luy ouvrir les portes d’une ville dont il luy avoit confié la garde, et qu’il ne devoit pas trouver mauvais s’il se defendoit en homme de cœur, selon que son honneur et sa conscience le demandoient de luy. Ce prince eut beau luy representer qu’en cas de refus il s’alloit attirer les François, dont les armes étoient redoutables, et qui ne luy feroient aucun quartier quand ils auroient pris la ville d’assaut, le capitaine demeura toujours inflexible et parut peu sensible aux menaces qu’il luy faisoit, si bien qu’Henry fut obligé de se retirer sans avoir pû rien gagner sur l’esprit de ce gouverneur.

Quand Bertrand, auquel il fit part de son peu de succés, eut appris l’opiniâtreté de cet homme, il fit serment qu’il ne leveroit point le piquet de devant de cette ville qu’il ne l’eût auparavant emportée, et commanda, comme il avoit fait devant Maguelon, les archers et les arbalêtriers et tous les gens de trait, pour tirer sur les assiegez qui se presenteroient sur les rampars pour les defendre. Il employa les valets et les goujats à remplir les fossez. Ceux de dedans firent de leur mieux pour les écarter, en jettant des carreaux de pierres sur eux, mais ils ne purent empêcher qu’à force de pics et de leviers ils n’entamassent leur murailles, et même qu’on n’y attachât des échelles de corde, à la faveur desquelles plusieurs eurent la hardiesse de monter ; et bien que les Juifs et les Sarazins, dont cette ville étoit remplie, jettassent de l’eau chaude sur eux, ils ne laisserent pas malgré eux d’entrer dans la ville et de s’en rendre bientôt les maîtres. Il