Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/347

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
342
ANCIENS MÉMOIRES

forte, dans laquelle Pierre avoit fait entrer une fort grosse garnison d’Espagnols, qui étoient tout à fait devoüez à son party. Le prince Henry les voulut sonder comme il avoit fait les gouverneurs des deux dernieres villes, leur représentant qu’ils soûtenoient une méchante cause, puisqu’ils appuyoient les intérêts d’un homme qui avoit trahy sa foy sans écouter là dessus les reproches secrets de sa conscience, et ne faisoit point de scrupule d’avoir un commerce tout visible avec les juifs, sans se soucier si cette apostasie luy devoit attirer la malediction de Dieu et des hommes ; que s’ils vouloient se donner à luy de bonne foy ils auroient tous les sujets du monde de se loüer de ses honnêtetez. Toutes ces paroles, quelques insinuantes qu’elles fussent ne servirent qu’à les endurcir encore davantage et à les rendre plus fiers et plus impratiquabies. Quand Bertrand sceut d’Henry la brutalité de ces gens, il jura dans son langage ordinaire, disant à ce prince : À Dieu le veut ces gars ne vous doutent en rien, mais je vous le rendray bien brief.

Il fit donc aussitôt investir cette ville, et se mit à la tête des plus braves pour commencer l’attaque. Les assiegez se présenterent sur les murs dans la resolution de se bien defendre, Tandis que Bertrand les amusoit par les gens de trait qui lançoient contre eux leurs dards et leurs flêches, Hugues de Caurelay choisit quelques troupes des plus aguerries avec lesquelles il s’approcha de la juifverie, dont il fit entamer les murailles à grands coups de marteau d’acier, et y ayant ouvert de fort larges trous : les Juifs apprehendans qu’on ne fît d’eux tous une fort grande boucherie s’ils s’opiniâtroient à faire quelque resis-