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SUR DU GUESCLIN.

parce que ces pèlerins qu’elle voyoit étoient de son païs, et qu’il étoit bien aise de les bien regaler. Quand ils furent entre deux treteaux, ils concerterent ensemble sur les moyens de gagner le geolier pour parler à Bertrand. Le chevalier le pria de demeurer là clos et couvert, tandis qu’il iroit cajoler le geolier pour luy faciliter l’entrée de la prison. Cet homme, pour l’engager à luy permettre de parler à son prisonnier, prit le prétexte qu’il alloit en Bretagne pour chercher de l’argent et payer sa rançon, disant que Bertrand étant son compatriote, il étoit bien aise d’apprendre de luy s’il n’avoit rien à mander en son païs. Le geôlier, comme intéressé, luy répondit que ces sortes de graces ne s’accordoient pas pour rien. Le chevalier l’assûra que Bertrand étant libéral le recompenseroit fort honnêtement. Le geôlier avoüa que c’étoit un fort galant homme, et qu’il souhaitoit qu’un aussi brave prisonnier ne sortît jamais de ses mains, tant il avoit sujet de s’en loüer. Enfin le chevalier joüa si bien son rôle auprés du geolier, auquel il promit de l’argent à son retour, que celuy-cy luy permit d’entrer dans la chambre de Bertrand, mais en luy disant que s’il luy manquoit de parole, il n’y mettroit jamais le pied.

Quand Guesclin l’apperçut, il s’imagina que ce chevalier luy venoit emprunter de l’argent pour payer sa rançon, luy disant par avance que pour lors il n’en avoit point, mais qu’il esperoit d’en recevoir dans peu, pour avoir dequoy se racheter tous deux. Le chevalier le surprit beaucoup quand il luy déclara que ce n’étoit pas là le sujet qui l’avoit fait venir auprés de luy, mais que c’étoit pour luy donner avis de l’ar-