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ANCIENS MÉMOIRES

rivée du roy Henry dans Bordeaux, sous les habits d’un pelerin de Saint Jaques, et qui s’étoit travesty de la sorte pour luy pouvoir plus aisement parler. Bertrand pensa tomber de son haut à cette nouvelle, s’étonnant comment il avoit osé se commettre si temerairement, et ne doutant point qu’il ne fût perdu sans ressource s’il étoit découvert, et d’ailleurs representant au chevalier que ce prince avoit fait un voyage inutile, puisqu’il ne sçavoit pas comment ils se pouroient parler. Le messager répondit que le geolier étant un homme mercenaire, on pouroit avec de l’argent obtenir cette entreveüe de luy. Bertrand dit qu’il n’en avoit point sur luy, mais qu’il y avoit un Lombard dans la ville, qui prenoit le soin de ses affaires, et celuy de luy en donner quand il en avoit besoin. Là dessus il fit appeller le geolier, et pour le mieux empaumer, il luy exposa qu’il y avoit dans Bordeaux un pelerin natif de Bretagne, et l’un de ses vassaux qu’il estimoit le plus ; que cet homme allant à Saint Jaques dans un esprit de devotion, pour demander à Dieu la delivrance de son seigneur, il étoit bien aise de reconnoître son bon cœur en le regalant et l’assistant de quelque argent pour achever son voyage ; que n’en ayant point sur luy, il le prioit d’aller demander de sa part quatre cens florins à son Lombard, et qu’il y en auroit cent pour luy. Le geolier se le tint pour dit, trouvant bien son compte à la proposition de Bertrand, qui luy donna son cachet, afin que le Lombard ne fît au geolier aucune difficulté de luy delivrer cette somme, qui luy fut payée comptant sur ces enseignes.

Bertrand luy en laissa cent florins, après quoy l’on