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ANCIENS MÉMOIRES

Après qu’il l’eut cajolé de la sorte, il le mit luy et le maréchal d’Andreghem à une rançon ; mais il ne voulut point encore sitôt entendre parler de Bertrand. Aussitôt que le Besque eut recouvré sa liberté pour fort peu de chose, il alla trouver le duc d’Anjou, qui le combla de caresses et de bienfaits, et luy donna quelques troupes à commander pour le service d’Henry, qui, fortifié de ce secours, alla se presenter devant Salamanque en Espagne, et la serra de si prés, qu’elle fut obligée de se rendre. Il manda ce succés à la Reine, sa femme, qui ne pouvoit se tenir de joye de voir que leurs affaires commençoient à reprendre un bon train. Elle donna mille benedictions au duc d’Anjou de ce qu’il entroit avec tant de chaleur dans leurs interêts. Cette habile princesse écrivit dans toutes les terres de son obéïssance pour amasser des troupes dont elle fit un corps assez considérable. L’archevêque de Tolede se rendit auprés de sa personne avec ce qu’il put assembler de gens, pour luy donner des preuves de sa fidelité. La Reine fit sommer cette grande ville de luy ouvrir ses portes sous de grosses menaces, mais le gouverneur de la citadelle, qui tenoit pour le roy Pierre, appella tous les principaux bourgeois devant luy, pour leur dire que si pas un d’eux branloit en faveur d’Henry, il le feroit pendre aussitôt en présence de tous les autres, et qu’il ne feroit quartier à personne. Ils luy répondirent qu’ils seroient fidelles à leur Roy jusqu’au dernier soûpir de leur vie ; que si la famine les pressoit, ils mangeroient plûtôt leurs chevaux que de penser à capituler, et qu’il se reposât là dessus sur eux. Le gouverneur fort satisfait de les voir dans une si bonne assiette d’esprit, fit entrer dans sa citadelle