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SUR DU GUESCLIN.

ensemble, un espion partit de la main pour aller de ce pas avertir le gouverneur et les bourgeois de Tarascon, qu’il avoit veu le fameux et le redoutable Bertrand dans le camp du Duc, et qu’il avoit amené deux cens hommes d’armes avec soy, gens intrepides et fort aguerris, et nourris de tout temps dans les batailles et dans les assauts. Cette nouvelle étonna beaucoup les assiegez qui voyoient bien que le Duc, fortifié de ce secours, n’avoit pas envie de les ménager. Mais ils furent encore bien plus deconcertez quand ils sçurent qu’Olivier Guesclin, frère de Bertrand, Olivier de Mauny et Henry son fils, Alain de Mauny, Petit Cambray, Alain de la Houssaye et son frère Lescoüet étoient arrivez à ce siege avec un grand renfort de cavalerie. Bertrand les conjura de faire de leur mieux pour la satisfaction du Duc, dont la cause étoit la plus juste, et qui ne laisseroit pas leurs services sans recompense, leur promettant qu’après la conquête de cette ville, il les meneroit en Espagne pour faire la guerre au roy Pierre en faveur d’Henry, que les Anglois avoient chassé de ses États, et qu’ils auroient là de fort riches dépoüilles à partager ensemble.

Tous ces generaux s’attacherent donc au siege de Tarascon, situé sur le Rhône. Le Duc avoit fait faire un pont de bateaux sur cette riviere, qu’il avoit remply de gens pour arréter ceux qui se seroient mis en devoir de la passer pour aller au secours de cette place, et, par ce stratageme, il fit rebrousser chemin à toutes les troupes que la reine de Naples avoit envoyées pour se jetter dans Tarascon. Ce fut avec un grand acharnement que ce Prince en pressa le siege. Il avoit pour ce sujet fait charrier devant la place dixhuit grosses