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ANCIENS MÉMOIRES

batteries ou engins, dont on lançoit des pierres fort pesantes, avec lesquelles on nettoyoit les rempars de tous les assiegez qui se presentoient dessus pour leur defense. Bertrand, que rien n’étoit capable d’intimider, se mêloit avec les ingénieurs qui faisoient agir ces machines, et les encourageoit à bien faire ; ils luy témoignoient aussi que la présence d’un si grand capitaine les animoit beaucoup, et qu’ils étoient sûrs de reüssir dans leur manœuvre, puis qu’un si brave general vouloit bien partager avec eux et le travail et le peril qu’ils alloient essuyer. On avoit déjà donné plusieurs assauts à la ville, mais sans aucun effet, parce que la defense n’en étoit pas moins opiniâtre que l’attaque. Bertrand se mit en tête de s’aller presenter aux barrieres de la ville pour en intimider le gouverneur et les bourgeois, et les obliger à se rendre. Il monta pour ce sujet à cheval sans oser mettre une épée à son côté, de peur de violer la parole qu’il avoit donnée de ne porter aucunes armes ; mais tenant seulement une baguette dans sa main, dont il se servit comme d’un bâton de commandement. Il ne fut pas plûtôt arrivé là, qu’il fit signe qu’il avoit à parler non seulement au gouverneur, mais même aux principaux bourgeois de la ville. On alla leur en donner avis. Ils se rendirent de ce côté là pour apprendre de luy ce qu’il avoit à leur dire. Bertrand leur représenta[1]

  1. « Car, dist Bertran, se vous ne vous rendez de bonne voulenté, « j’av vœu à Dieu et à Saint Yvc, que je y seray si longuement, que par force de assault vous auray : et à tous les riches bourgeois feray trencher les testes. Et le demourant, c’est assavoir la moyenne gent, femmes et enfants, et autres pouvres feray vuider de la ville, sans or, et sans argent, tous nuz comme ilz nasquirent. » (Ménard, p. 310.)