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SUR DU GUESCLIN.

qu’ils ne connoissoient pas leurs intérêts, et qu’ils devoient ouvrir les yeux sur le danger qui les menaçoit tous, sans excepter leurs femmes et leurs enfans ; et que s’ils ne se rendoient au plûtôt, que par Dieu et par saint Yves, il planteroit le piquet devant Tarascon jusqu’à ce qu’il l’eût emporté d’assaut, et qu’il feroit ensuite trencher la tête à tous les bourgeois qu’il trouveroit dans cette ville, et qu’à l’égard des moyennes gens, il les feroit tous depoüiller nuds comme la main par ses Bretons, qui n’avoient point accoutumé de faire quartier à personne ; qu’ils devoient considérer que reconoissant pour leur souverain le duc d’Anjou, frère du roy de France, ils en auroient incomparablement plus d’appuy et de protection que non pas de la reine de Naples, qui, tenant sa cour au bout de l’Italie, ne pouroit pas leur envoyer de si loin des forces pour les secourir.

Ces raisons étoient assez pressantes pour tenir en balance les esprits du commandant et des bourgeois de Tarascon. Quand ils furent rentrez dans la ville, ils appellerent auprés d’eux ce qu’il y avoit de gens les plus distinguez dans la place, et leur exposerent les menaces que Bertrand leur avoit faites s’ils ne se rendoient pas incessamment, et le danger dans lequel ils étoient de perdre leurs biens et leurs vies s’ils se laissoient prendre d’assaut. Ils furent tous d’avis de capituler ; et comme ils étoient sur le point de le faire, les Provençaux vinrent se poster sur une montagne voisine pour attaquer l’armée du Duc. Mais les coups qu’ils tiroient ne portoient point sur les assiegeans, et quand ils eurent jette tout leur premier feu, Olivier de Mauny, suivy de ses gens, alla droit à eux et les