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entre la france et l’angleterre.


tages et essuyé de plus grands revers. Les Français, sans inquiétude sur les affaires de Guyenne, avoient fait une descente en Angleterre. Ils s’étoient bornés à brûler Douvres, sans chercher à pénétrer dans le pays. Cette expédition n’avoit aucun résultat, mais elle montroit qu’Edouard n’étoit point redoutable pour le continent, puisqu’on venoit le braver sur son propre territoire. Le roi de France avoit porté la guerre en Flandre, et sans être arrêté par les menaces du pape Boniface VIII, qui lui ordonnoit de poser les armes, il avoit remporté plusieurs victoires et conquis plusieurs places importantes. Ses succès tourmentoient Edouard, qui ayant soumis les Gallois, croyant avoir affermi ses conquêtes en Écosse et calmé l’esprit de ses sujets par une confirmation solennelle des privilèges de la grande charte, vint enfin au secours de son allié à la tête de cinquante mille hommes. Il est à remarquer qu’à cette époque, les Anglais prétendoient ne pas être obligés de suivre leur roi lorsqu’il portoit la guerre sur le continent, et qu’ainsi Edouard, pour composer les armées, étoit souvent réduit à ouvrir les prisons et à ramasser les bandits et les vagabonds du pays. Il ne devoit pas beaucoup compter sur de pareilles troupes, aussi paroît-il qu’il vouloit seulement faire une démonstration, afin d’obtenir une paix plus avantageuse. Il se hâta d’entrer en négociation. Le pape Boniface VIII s’offrit pour arbitre et fut accepté. Philippe, déjà en garde contre les prétentions du pontife, eut soin néanmoins de stipuler que Boniface ne décideroit pas comme juge, mais comme arbitre librement choisi. Une trêve de deux ans fut d’abord arrêtée,