toujours été exclues du trône lorsque leur naissance
les y appeloit ; depuis Hugues Capet, les rois s’étoient
succédé de père en fils, et ainsi, sous la troisième
race, l’occasion ne s’étoit pas encore présentée d’examiner
les droits que les femmes pouvoient avoir, en
supposant que les dispositions de la loi salique ne
fussent pas aussi précises qu’on l’avoit jugé jusqu’alors.
À l’époque de la mort de Louis-le-Hutin, Philippe-le-Long, son frère aîné, étoit à Lyon, où il avoit été envoyé afin d’obliger les cardinaux divisés à se réunir pour l’élection d’un Pape. Il les avoit enfermés en conclave, dans le couvent des Jacobins, et les y faisoit garder à vue, lorsqu’il apprit la mort du Roi. Il se rendit sur-le-champ à Paris, convoqua les pairs du royaume, qui décidèrent unanimement que si la Reine accouchoit d’un fils, Philippe auroit la régence pendant dix-huit ans, suivant quelques historiens, pendant vingt-quatre, suivant les autres ; et que, s’il naissoit une fille, il seroit roi. Les barons le reconnurent en conséquence comme gardien de l’État, et lui rendirent hommage. La Reine mit au monde un fils, qui fut nommé Jean, qui ne vécut que cinq jours, et Philippe prit le titre de roi. Pour la première fois, depuis Hugues Capot, la couronne passoit en ligne collatérale, et plusieurs seigneurs, à la tête desquels se trouvoit Eudes, duc de Bourgogne, oncle de Jeanne, fille de Louis-le-Hutin, prétendoient faire valoir les droits de cette princesse aux trônes de France et de Navarre. Charles, comte de la Marche, frère de Philippe, s’étoit même réuni aux opposans. Doit-on en conclure, avec Rapin Thoyras, que la loi salique ne passoit point alors en France pour une loi incon-