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PRÉCIS DES GUERRES


testable ? N’est-il pas plus juste de remarquer, avec les plus sages historiens, que le comte de la Marche, qui, plus tard, monta sur le trône en vertu de cette loi, mais qui ne pouvoit alors y prétendre, parce que son frère avoit un fils, vouloit profiter de la position du Roi pour faire augmenter son apanage ?

Philippe n’avoit que vingt-trois ans, et néanmoins il se conduisit avec autant de prudence que d’habileté. Après s’être fait sacrer à Rheims, il réunit les prélats, les seigneurs et les bourgeois, qui confirmèrent la loi salique, déclarèrent qu’au royaume de France les femmes ne succèdent point, et prêtèrent serment au Roi comme à leur souverain légitime ; puis employant à propos la force et les négociations, il parvint à dissiper les ligues qui s’étoient formées contre lui. Jeanne, fille de Louis-le-Hutin, fut mariée au comte d’Evreux, petit-fils de Philippe-le-Hardi. La loi salique ne s’appliquoit pas à la couronne de Navarre, qui, dès-lors, devoit appartenir à la princesse Jeanne ; cependant, au moyen de quelques concessions, le titre de roi de Navarre fut conservé par Philippe-le-Long et par Charles-le-Bel, son successeur, et le comte d’Evreux ne prit possession du royaume qu’après leur mort. Il le laissa à Charles-le-Mauvais, son fils, qui, sous les règnes de Jean II et de Charles V, fit tant de mal à la France. En vertu du traité conclu avec Eudes de Bourgogne, oncle de la princesse Jeanne, celle-ci céda au Roi, moyennant d’autres domaines, la Champagne et la Brie, qui furent définitivement réunies à la Couronne.

Philippe s’attacha les vassaux les plus redoutables en leur donnant ses filles en mariage. Eudes, duc de