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entre la france et l’angleterre.


Bourgogne, obtint l’aînée, et avec elle le comté de Bourgogne[1], qui appartenoit à la Reine. Marguerite, la deuxième, épousa Louis, comte de Nevers, petit-fils de Robert, comte de Flandre, et Isabelle, la cadette, fut donnée à Guignes XII, dauphin du Viennois. En s’alliant au comte de Nevers, le Roi avoit l’intention de faire une paix durable avec la Flandre, dont la soumission avoit été inutilement tentée sous les règnes précédens. L’animosité des Flamands prolongea encore la guerre, qui duroit depuis vingt-cinq ans, et le traité ne fut conclu qu’en 1320.

La paix étant ainsi rétablie partout, le Roi voulut exécuter le projet de croisade qui avoit été formé sous Philippe-le-Bel ; mais le pape Jean XXII fut le premier à l’en détourner. Il lui représenta que les troubles qui agitoient presque tous les États chrétiens, ne permettoient pas de tenter une pareille entreprise, qui exigeoit la réunion de toutes les forces de l’Occident. En effet, Louis de Bavière, et Frédéric-le-Beau, fils d’Albert d’Autriche, ayant été choisis en même temps par les électeurs divisés, avoient pris les armes pour soutenir leurs droits, et dévastoient le pays sur lequel ils prétendoient régner. L’ancienne haine des guelfes et des gibelins s’étoit réveillée en Italie. Les guelfes, dévoués au saint Siége, avoient pris parti pour Frédéric, et les Gibelins s’étoient déclarés pour Louis de Bavière, que le Pape refusoit de reconnoître ; on se battoit de toutes parts avec un incroyable acharnement, et les deux partis étant à peu près égaux en force, il étoit impossible de mettre fin à ces désordres. L’Angleterre, gouvernée par le foible Édouard II, ou

  1. Aujourd’hui la Franche-Comté, ç’étoit alors un fief relevant de l’Empire.