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ANCIENS MÉMOIRES

teaux venant à se communiquer, y causoit un embrasement dont il étoit impossible de se garantir. Ce stratageme, dont les Espagnols se servirent, fit un si grand effet contre les Anglois, qu’ils leur brûlerent treize gros bâtimens ; et tandis que les Anglois se mettoient en devoir d’éteindre ce feu, les François et les Espagnols, profitans du désordre, de l’alarme et de la consternation dans laquelle il les avoient jettez, vinrent les charger à grands coups de dards et de flêches, heurterent le vaisseau du comte de Pembroc avec tant de roideur, ayant le vent sur luy, que ce gros bâtiment venant à s’ouvrir fit eau de tous cotez, et contraignit cet amiral anglois de se rendre à la discretion de ses ennemis, avec Huard d’Angle et Jean d’Arpedenne, qui furent forcez de suivre son exemple avec plus de trois cens autres prisonniers des plus riches de toutte l’Angleterre, sans compter plus de huit cens hommes qui perirent dans cette journée par le feu, par le fer et par l’eau du côté des Anglois. Les vainqueurs trouverent dans les bâtimens qui tomberent sous leur puissance beaucoup d’or et d’argent monnoyé, qu’on avoit apporté de Londres pour payer les troupes qui servoient le roy d’Angleterre dans sa province de Guienne contre les François, et même ils ne purent voir sans étonnement le grand nombre de chaînes que les Anglois avoient chargé dans leurs vaisseaux pour mettre les Rochelois aux fers, et les traiter comme des rebelles sujets, ausquels les François firent voir les patentes et les provisions tout expédiées pour établir dans la Rochelle d’autres officiers de justice que ceux du païs.

Ces lettres étoient touttes scellées et remplies du