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SUR DU GUESCLIN.

avoit que Bertrand ne le prévint, et qui avoit déjà fait des tentatives pour débaucher les Rochelois de la fidelité qu’ils devoient à leur souverain. Quand Ivain de Galles eut tiré de ces marchands tous les éclaircissemens dont il avoit besoin, il se promit bien d’en profiter et les remercia, les assurant qu’ils pouvoient demeurer en paix, et qu’il ne leur seroit fait aucun tort. Il fit voile ensuite pour aller à la découverte de tout ce que luy avoient dit ces marchands, qui le voyans partir luy donnerent mille benedictions, et se regarderent les uns les autres comme des gens qui venoient d’échapper d’un fort grand peril, en disant Ce ne fut le gentil Yvain de Galles, ces félons François nous eussent tous meurdris.

Cet amiral, après avoir fait un voyage d’assez long cours, enfin surgit au port de Saint André en Espagne, où l’on preparoit une fort belle flote pour l’envoyer au secours des François contre les Anglois. Ce fut là que se joignirent ces deux armées navales pour faire sur mer quelque importante expedition contre leurs communs ennemis. Le comte de Pembroc en fut l’objet bientôt. Elles le rencontrerent sur la route qu’il prenoit vers la Rochelle. Les Espagnols se servirent d’un artifice, qui pour lors étoit assez rare, pour brûler les grosses ramberges du comte de Pembroc, Ils jetterent à l’eau de petits bateaux tout remplis de bois qu’ils avoient graissé d’huyle et d’autres ingrediens pour en rendre la matière plus combustible. Ils avoient entr’eux des plongeons fort experimentez dans l’art de conduire ces sortes de barques, et de les faire couler touttes brûlantes et tout allumées sous ces grosses ramberges, ausquelles le feu de ces ba-