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SUR DU GUESCLIN.

contentant pas d’aller au devant des entreprises que les ennemis pouroient faire pour troubler la continuation de son siege, il envoya des ordres à Alain de Beaumont de se cantonner et de se retrancher comme luy, de peur que les Anglois ne luy vinssent tomber sur le corps tandis qu’il seroit devant Lusignan, qu’il tenoit serré de fort prés. Alain ne manqua pas de prendre là dessus les mêmes precautions que Bertrand. Ces trois sieges de Cisay, de la Roche sur Yon et de Lusignan, qui se faisoient tous dans un même temps, partageoient beaucoup les forces des François, qui, touttes rassemblées, les eussent mis en état de faire de plus grands efforts et de reüssir avec plus de succés. Bertrand perdoit son temps et ses peines devant Cisay, qui souffrit plusieurs assauts sans qu’on en pût venir à bout. Il tâcha d’en corrompre le gouverneur à force de présens ; mais sa fidelité fut inebranlable, car bien loin de prêter l’oreille à ses persuasions, il ne le paya que de railleries.

Tandis qu’il se morfondoit devant cette place, les Anglois tenoient conseil dans Niort pour deliberer entr’eux à laquelle des trois villes assiégées ils pouroient donner du secours. Le sire d’Angoris, le plus fameux et le plus expérimenté capitaine d’entr’eux, opina que c’étoit à Bertrand qu’il falloit aller, parce que de sa défaite dépendoit la reputation de leurs armes, et s’ils le pouvoient une fois dénicher de devant Cisay par une bataille qu’ils pouroient gagner sur luy, tout le reste des François ne tiendroit pas longtemps contre une armée qui viendroit de triompher d’un si grand capitaine. Jaconnel, qui ne connoissoit pas la valeur