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ANCIENS MÉMOIRES

de Bertrand, jura devant toutte cette assemblée qu’il l’iroit attaquer en personne, et qu’il le leur ameneroit mort ou vif. Il s’avisa même d’y proposer un expedient qui seroit capable d’intimider beaucoup les François, en cas qu’on le voulut suivre ; c’étoit de porter tous des chemises de toile au dessus de leurs armes, et d’y faire coudre au milieu des croix rouges devant et derrière. Tout le monde goûta fort cet avis et l’on resolut aussitôt de le suivre. Tandis que les Anglois étoient sur le point de se mettre en campagne avec ce bel épouventail, il leur vint une recruë de quatre cens hommes qui leur demanderent la permission de se joindre à eux pour combattre les François ensemble, qu’ils devoient tous regarder comme leurs communs ennemis. Ce renfort les rendant encore plus fiers, ils partirent tous de Niort avec leurs habits de toile et leurs croix rouges, en fort belle ordonnance, sous la conduite de Jaconnel, qui, croyant déjà Bertrand dans ses mains, avoit ordonné qu’on tendît fort proprement une chambre, et qu’on y préparât un fort grand repas pour bien recevoir dans Niort et y regaler ce connétable de France, qu’il comptoit d’y amener dés le soir même. Ils se promettoient de remporter une victoire si complette dans cette journée, qu’ils avoient déjà resolu de faire passer tous les François au fil de l’épée, sans faire quartier qu’à trois seulement, à Guesclin, à messire Maurice du Parc et à Geoffroy de Cassinel, tous chevaliers bretons dont ils esperoient tirer une rançon considérable.

Toutte cette troupe, composée de quelque quinze cens Anglois, vint rabattre dans sa marche tout auprés