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ANCIENS MÉMOIRES

bien pris touttes ses mesures, ou qu’il y avoit eu trop de tiedeur du côté des assiegeans, dit en son patois à ses deux cousins, À Dieu le veut et à Saint Yves, nous arons ces gars, ainçois que repairons en France. Il fit aussitôt sonner la charge, et tirer contre les assiegez si fortement et si longtemps, que ceux des rempars n’osoient se découvrir tout à fait, mais se contentoient de laisser tomber sur les assiegeans qui se trouvoient au pied des murailles, des pierres d’une prodigieuse grosseur, et des pieces de bois fort épaisses pour les accabler sous leur pesanteur, si bien que beaucoup de soldats en étoient écrasez, ou du moins fort endommagez. Bertrand s’appercevant que cela les rebutoit, leur faisoit reprendre cœur en leur disant que les bons vins étoient dans la place, qu’il leur en abandonnoit le pillage s’ils la pouvoient prendre, qu’il y avoit là beaucoup d’or et d’argent qui seroit entr’eux partagé fort fidellement, si bien qu’il ny auroit pas un soldat qui ne retournât riche en France, avec chacun deux ou trois bons chevaux comme s’ils étoient chevaliers. Ces amorces les firent retourner à la charge avec une nouvelle vigueur, montans sur des échelles, et se couvrons la tête et le corps de leurs boucliers. Bertrand voulut aussi payer d’exemple, se mêlant avec eux pour les encourager par sa presence. Tous les braves voulurent être aussi de la partie. Le seigneur de la Houssaye, les deux Mauny désirerent partager avec luy la gloire de cette action. Les soldats voyans leurs generaux tenter ce peril, coururent en foule au pied des murailles pour monter à l’assaut avec eux. Il y eut un chevalier nommé Bertrand qui s’appelloit ainsi, parce qu’il avoit été tenu sur les fonds par