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SUR DU GUESCLIN.

velopper Bertrand avec huit cens hommes d’armes, et de l’attaquer par derriere dans la plus grande chaleur du combat et de la mêlée. Ce capitaine se déroba de la bataille avec un pareil nombre de gens, et s’alla poster derrière une montagne pour venir charger Guesclin à dos, quand il en trouveroit l’occasion favorable, se tenant là caché tout exprés pour étudier à loisir le temps et le moment propre pour l’accabler par une irruption subite et impreveüe. Bertrand faisoit toûjours un merveilleux progrés contre les Anglois qui s’éclaircissoient et fuyoient devant luy comme des moutons, quand, voulant achever la victoire qui se declaroit en sa faveur, il apperçut l’étendard de Thomas de Granson. Ce nouvel objet luy fit à l’instant commander à ses gens de passer sur le ventre à tout ce qu’ils rencontreroient pour aller arracher cette enseigne des mains de celuy qui la portoit, les assurant qu’aussitôt qu’elle seroit gagnée, la journée seroit entièrement couronnée. Les François partirent à l’instant de la main pour se faire jour au travers des Anglois qui se defendoient et faisoient les derniers efforts pour les arréter.

Pendant tout ce fracas de part et d’autre, Thomas de Granson s’avisa de détacher un cavalier pour aller à toutte jambe à Ponvallain, donner avis à David Hollegrave de venir incessamment à son secours avec les cinq cens hommes qu’il commandoit. Celuy-cy, par son arrivée, rétablit un peu le combat et donna quelque exercice à Bertrand, qui fut obligé de renouveller ses premiers efforts pour se soutenir contre un renfort si inopiné. Cependant, comme si la présence de ce peril eût redoublé l’ardeur de son courage,