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En ce même temps, le roi d’Espagne ayant fait, par édit public, le 3 d’octobre, des défenses très-expresses d’imprimer, vendre et tenir en ses États le onzième tome des Annales de Baronius, si premièrement on n’y avoit retranché ce qu’il estimoit y être au préjudice de son autorité et de ses droits sur la Sicile, ses volontés furent rigoureusement exécutées, sans considération des instances du nonce.

La Chrétienté eut, en cette occasion, lieu de reconnoître la différence qu’il y a entre les véritables sentimens que les Français ont de la religion, et l’extérieure ostentation que les Espagnols en affectent ; mais beaucoup estimèrent aussi, non sans raison, que notre légèreté nous fait relâcher en certaines rencontres où la fermeté nous seroit souvent bien-séante, et quelquefois nécessaire.

Mais je ne considère pas que la condamnation du livre de Mariana, qui fut faite incontinent après la mort du Roi, m’a emporté au discours des autres choses qui arrivèrent aux jésuites cette année, et qu’il est temps que nous retournions à la cour, où nous avons laissé la Reine en peine de faire agréer à M. le comte la déclaration de sa régence.

Après lui avoir fait entendre toutes les raisons qui avoient obligé à se conduire ainsi qu’on avoit fait, n’étant plus question de convaincre l’esprit, mais de gagner la volonté, un jour le sieur de Bullion étant allé voir M. le comte, après qu’il eut fait de nouveau toutes ses plaintes, lesquelles ledit sieur de Bullion adoucit et détourna avec industrie, il lui dit : Si au moins on faisait quelque chose de notable pour moi, je pourrois fermer les yeux à ce que