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le duc de Bouillon fut bien étonné lorsqu’il apprit de ses amis que Le Plessis avoit changé de note ; qu’il avoit été ménagé par les ducs de Sully et de Rohan, arrivés quelques jours auparavant, et qu’au lieu de le porter à la présidence, on savoit avec certitude qu’il étoit résolu de la briguer pour soi : ce qui parut le lendemain, en ce que de cent soixante suffrages qu’il y avoit, il n’y en eut pas dix pour lui. On lui donne pour adjoint le ministre Chamier, et pour scribe Desbordes-Mercier, deux des plus séditieux qui fussent en France, comme ils témoignèrent pendant tout le cours de l’assemblée, où celui-là ne fit que prêcher feu et sang, et celui-ci porter les esprits autant qu’il lui fut possible à des résolutions extrêmes.

Le duc de Bouillon ne fut pas seulement tondu en ce commencement, mais en toute la suite de l’assemblée, en laquelle il ne put jamais s’assurer plus de vingt-deux voix de la noblesse et de celle d’un ministre ; encore peut-on dire avec vérité qu’ils n’étoient pas attachés à sa personne, mais à la raison et au bien de l’État, qu’il tâchoit de procurer par son intérêt : le nombre des bons étant du tout inférieur à celui des malintentionnés, il fut impossible d’empêcher que les cahiers fussent composés de façon que, quand le conseil même eût été huguenot, il n’eût su leur donner contentement.

Boissise et Bullion, députés du Roi en cette assemblée, n’oublièrent rien de ce qu’ils purent, dès son commencement jusqu’à sa fin, pour les porter à la raison ; mais leur peine fut inutile.

Leurs demandes, portées à la cour par deux députés, y furent répondues, non avec autant d’autorité