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Les princes, qui le croyoient tout puissant auprès d’elle, se prenoient à lui de ce refus, et en attribuoient à sa mauvaise volonté la cause, qui ne le devoit être qu’à son impuissance. Sa femme, craignant qu’ils lui fissent du déplaisir si la Reine ne leur accordoit ce qu’ils demandoient, se mêla aussi de lui en parler, mais avec aussi peu de succès que son mari ; et, voulant continuer à lui en faire instance, la Reine concut tant de dégoût contre eux, que peu s’en fallut qu’ils ne déchussent de sa grâce pour toujours.

Elle fut quelques jours qu’elle n’osoit plus monter en la chambre de la Reine. Son mari, désespéré, ne sachant plus comment renouer sa bonne intelligence avec M. le prince, pour lui témoigner que ce n’est pas de lui que vient l’empêchement à son désir, lui fait proposer qu’il se dépouillera lui-même d’un de ses gouvernemens pour l’en accommoder, et qu’il remettra, s’il veut, la ville de Péronne entre les mains de Rochefort son favori.

Cependant le fils du baron de Luz, porté d’un juste regret de la mort de son père, fit appeler le chevalier de Guise qui l’avoit tué. Ils se battent à cheval à la porte Saint-Antoine, avec chacun un second. Bien qu’il n’y eût rien plus juste que la douleur du jeune baron, Dieu permit qu’il eût du malheur en ce combat, pour apprendre aux hommes qu’il s’est réservé la vengeance, que cette voie de satisfaction n’est pas légitime, et que la justice ne se fait que par une autorité publique.

La Reine, touchée de cette perte, dont l’exemple en eût attiré d’autres s’il n’y eût été pourvu avec sévérité, fit défendre les duels sous des peines très-