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n’en osoit quasi parler, car la Reine ne lui donnoit plus moyen de l’entretenir seule ; mais si aux heures qu’elle étoit, comme après son diner, dans son grand cabinet, elle se vouloit approcher d’elle, elle se retiroit dans son petit cabinet et faisoit fermer la porte ; si elle pensoit prendre l’heure de son coucher, la princesse de Conti s’opiniâtroit tellement de demeurer la dernière, qu’elle étoit contrainte de s’en aller. Néanmoins la crainte qu’elle eut que ces princes fissent un mauvais parti à son mari, la fit résoudre d’en parler à la Reine, nonobstant le mauvais état auquel elle étoit près d’elle.

Ce qu’elle en dit fut sans effet. Elle n’en fit pas aussi grande instance, car Plainville, gentilhomme de Picardie, et qui étoit affidé à son mari et à elle, et regrettoit de leur voir quitter Péronne, et plus encore que cette place fût en la puissance de M. le prince, lui représenta la faute que lui feroit cette place, au pied de laquelle étoit son marquisat d’Ancre, dont le revenu diminueroit de plus de moitié. Cette femme avare préféra ce qu’elle crut être de son intérêt domestique à toutes les raisons de son mari, et fut bien aise de conserver cette place.

Durant le temps de ces poursuites du Château-Trompette et de Péronne pour M. le prince, le maréchal d’Ancre se vantoit partout d’avoir dit à la Reine qu’il étoit sa créature, qu’elle pouvoit tout sur lui, mais qu’il ne la pouvoit flatter en la passion qu’elle avoit de quitter ses amis, qui étoient messieurs le prince, du Maine, de Nevers, de Longueville, de Bouillon, lesquels ledit maréchal disoit être serviteurs de la Reine, et que l’amitié que ledit maréchal