Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/233

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en état de ne les voir plus réduites à l’extrémité où elles furent depuis.

Le chancelier, qui avoit accoutumé en toutes occurrences de chercher des voies d’accommodement, et prendre des conseils moyens, que César disoit n’être pas moyens mais nuls dans les grandes affaires, fut de différente opinion, et estima qu’on devoit donner aux princes toutes sortes de contentemens. Il représentoit que tous les grands du royaume, sans presque en excepter aucun, étoient unis avec M. le prince contre l’autorité royale ; que la Reine n’avoit que messieurs de Guise et d’Epernon de son côté, et qu’encore étoient-ils en telle jalousie l’un de l’autre, prétendant tous deux à la charge de connétable, qu’ils se haïssoient de mort. Que le parti des huguenots étoit lors très-puissant, qu’ils ne deroandoient que le trouble du royaume, expressément pour en profiter, disant ouvertement qu’il falloit qu’ils se fissent majeurs pendant la minorité du Roi, s’ils ne vouloient consentir à se voir un jour absolument ruinés, quand il auroit connu ses forces. Que le gouvernement étant entre les mains d’une femme, et le Roi âgé seulement de douze à treize ans, la prudence requéroit qu’on ne commît rien au hasard, et obligeoit à préférer les moyens de conserver la paix à une guerre, quelque avantageuse qu’elle semblât de prime face.

Le maréchal d’Ancre, qui étoit à Amiens, et en quelque disgrâce, ce lui sembloit, de la Reine, dépêchoit continuellement courriers sur courriers à sa femme, pour la presser de se joindre à l’avis du chancelier, et faire tout ce qu’elle pourroit pour moyen-