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ner la paix. Elle le fit ; et trouvant pendant ces contestations, qui tenoient l’esprit de la Reine divisé entre l’estime qu’elle devoit faire du conseil des uns ou des autres, plus d’accès auprès d’elle et plus de lieu en sa bonne grâce, elle lui fit mal juger de toutes les raisons de M. de Villeroy, les interprétant à dessein qu’il eût d’obliger M. de Guise, lui faisant avoir le commandement des armées, et à son animosité contre le chancelier et le maréchal d’Ancre, qu’il espéroit de ruiner par la guerre ; et ensuite lui fit prendre la résolution d’accommoder les affaires par la douceur ; ce qui n’empêcha pas, néanmoins, d’envoyer en Suisse faire une levée de six mille hommes.

On présenta à la Reine, le 21 de février, de la part de M. le prince, un manifeste en forme de lettre, par lequel il essayoit de justifier le crime de la rebellion que lui et les siens commettoient, et vouloit faire passer pour criminelle l’innocence de la Reine et de son gouvernement. Il n’avoit dessein, disoit-il, que de procurer la réformation des désordres de l’État, à laquelle il ne prétendoit parvenir que par remontrances et supplications, lesquelles, pour ce sujet, il commençoit à faire sans armes, auxquelles il ne vouloit avoir recours qu’au cas qu’il fût forcé à repousser les injures faites au Roi par une naturelle, juste et nécessaire défense.

Ses plaintes étoient de tous les maux imaginaires en un État, non d’aucune faute réelle dont la régence de la Reine fût coupable. Il se plaignoit que l’Église n’étoit pas assez honorée, qu’on ne l’employoit plus aux ambassades, qu’on semoit des divisions dans la