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prince, à revenir à résipiscence dedans le mois, à faute de quoi il les déclaroit atteints et convaincus du crime de lèse-majesté.

Tandis que ces choses se passoient, le maréchal de Bois-Dauphin avoit assemblé une armée de dix mille hommes de pied et deux mille chevaux, avec laquelle il avoit charge de s’opposer à celle des princes, et leur empêcher le passage des rivières.

Si la Reine eût voulu, selon le bon avis qu’on lui donnoit, différer au moins quinze ou vingt jours son voyage, et faire un tour à Laon et à Saint-Quentin, elle eût assuré toutes ces provinces au Roi, et les eût nettoyées de tous les partisans des princes, qu’elle eût empêchés de joindre leurs levées si facilement qu’ils firent et mettre leur armée sur pied ; mais l’opiniâtreté ordinaire à la grandeur, la fermeté à faire ce qu’elle veut, l’impatience de voir sa volonté combattue et retardée, la firent partir à la hâte, et son éloignement leur donna la liberté de faire tout ce qu’ils voulurent.

Le maréchal de Bois-Dauphin, au lieu de prendre pour sa place d’armes Crécy-sur-Serre, qui est en telle situation qu’il ôtoit la communication des provinces de la Normandie et de la Picardie avec la Champagne, et, attendu que M. de Nevers n’étoit pas encore déclaré pour les princes, les obligeoit de se retirer loin vers Sedan pour mettre toutes leurs troupes ensemble, amassa son armée autour de Dammartin, peut-être à bon dessein, et craignant, s’il s’éloignoit de Paris, qu’il s’y fît quelque soulèvement ; mais les princes, à son défaut, ne manquèrent pas de prendre pour places d’armes ledit Crécy, lieu très-favo-