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en la chambre de la Reine, elle y entra insensiblement en sa familiarité première. Un médecin juif qu’elle avoit, et en qui la Reine n’avoit pas peu de créance, la servit à ces fins, lui persuadant que le commandeur de Sillery l’avoit ensorcelée. Elle n’étoit pas aussi peu aidée des instructions que lui donnoient M. de Villeroy et le président Jeannin, desquelles s’étant bien trouvée, elle disposa par après la Reine à prendre plus de créance en eux ; à quoi ne donna pas peu de facilité le mauvais ordre qu’apportèrent ceux auxquels on avoit donné charge de s’opposer aux princes, qui, avec une misérable armée qui ne montoit pas au tiers de celle du Roi, prirent à leur barbe Château-Thierry le 29 septembre, et, par le moyen de cette place, s’ouvrirent un passage sur la rivière de Marne, et de là passèrent la rivière de Seine à Bray, ne leur restant plus que la Loire pour passer en Poitou, et se joindre à ceux de la religion prétendue qui les attendoient.

La Reine, partant de Poitiers, alla à Angoulême, où elle arriva le premier octobre. La comtesse de Saint-Paul la vint assurer de la fidélité de son mari, et des places de Fronsac et de Caumont ; mais le duc de Candale en partit pour s’aller joindre à M. de Rohan contre le service du Roi, et faire profession de la religion prétendue ; ce qu’il fit bientôt après, ayant dessein de mettre Angoulême entre les mains des huguenots, et prendre la Reine et le conseil.

Ces mauvais desseins n’empêchèrent pas que Leurs Majestés n’arrivassent sûrement à Bordeaux le 7 octobre, où les fiançailles de Madame et du prince